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PARAÎTRA PROCHAINEMENT
ALIN MONJARDIN
LA DISPARITION DE
Maryse
Roman complet inédit


I

Le mal de mer d’un détective

La réplique la plus amusante que j’aie entendue au théâtre est celle du Voyage en Chine, le vieil opéra-comique de Labiche dont Bazin écrivit la musique. À la suite d’une enquête faite sur un bateau ballotté par l’orage un avocat qui est en proie aux nausées du mal de mer répond, quand on lui demande quelle est sa profession :

— Malade !

Et quand on soupçonne qu’il est le coupable et qu’il va subir un châtiment exemplaire, il s’écrie implorant :

— Qu’on me pende ! Mais qu’on ne me remue pas !

Tous ceux qui ont été les victimes sur une mer déchaînée des effets redoutables du tangage et du roulis comprendront l’état d’esprit d’un infortuné à qui il semble que l’estomac lui remonte jusqu’à la gorge ! L’un de ces infortunés-là était le détective Jacques Bonifas à bord de La Kasbah, navire opérant le parcours d’Alger à Marseille.

Quelle tempête, grands Dieux ! Des vagues hautes comme des montagnes, devait déclarer plus tard le policier, des paquets de mer balayant le pont et un mistral sifflant, hurlant, tonitruant ! Toute la lyre des calamités qui se ruent sur un bateau assailli par la tempête.

Comme le plus commun des mortels, Jacques Bonifas verdissait, pâlissait, tremblait, se demandant s’il reverrait jamais la statue de la Bonne Mère de la Garde sur son haut rocher qui domine Marseille.

Arriverait-il jamais au port ? Le paquebot vaincrait-il la terrible violence des lames lancées à l’assaut ?

Et voici que le commissaire du