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ques minutes… Il doit parler. Je vous expliquerai.


Martine s’installa au chevet du mourant (page 30).

L’homme de science fit une piqûre sans rien demander.

Il s’éloignait quand Martine lui fit signe de rester. Il s’immobilisa près de la porte, toujours silencieux.

Gardaire reprenait connaissance. Alors la servante prit le revolver qu’elle tenait dans son sac à main et le lui montra :

— C’est avec cette arme que vous avez tiré ? N’est-ce pas, interrogea-t-elle.

— Vous l’avez retrouvée dans le jardin, où je l’ai enterrée.

— Oui.

Il reprit son souffle puis d’une voix plus forte :

— Je sais que je suis fichu. Je suis content qu’elle soit morte. Je vais aller la rejoindre…

Martine eut, une seconde, l’idée de laisser le mourant s’illusionner. Mais ce n’était pas possible.

Elle fut cruelle. Penchée sur lui elle lui expliqua sa méprise. Il s’était trompé de victime.

— C’est affreux ! soupira-t-il.

— Maintenant vous pouvez la sauver, lui rendre le bonheur.

— Et pourquoi serait-elle heureuse… Je n’ai jamais eu de chance, moi.

— Finissez bien votre vie, supplia-t-elle.

— Cela m’est égal.

Martine prit son chapeau et, d’un ton décidé :

— Dans ce cas, je pars.

— Non. Restez !

Il avait peur d’être seul pour mourir.

Cette présence bonne et attentive l’aidait. Il ne voulait pas la perdre.

— Je ferai ce que vous voudrez, dit-il enfin.

Le chapeau emplumé rejoignit le porte-manteau.