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…le sac de Brigitte tomba sur le sol et s’ouvrit, laissant s’échapper, pêle-mêle, une boîte à poudre, des clefs et un bâton de rouge (page 14).

D’un pas ferme, elle descendit vers la cuisine et remonta peu après tenant sous son bras une toile cirée roulée.

— Avant de la mettre là dedans, il s’agit de l’habiller, continua-t-elle.

Tendue et horrifiée, incapable de faire un mouvement, Annette regarda son mari et la servante dévêtir le corps de la morte de la chemise de nuit qu’elle portait — sa chemise ! — Un instant, l’éblouissante blancheur de ce corps parfait lui fit fermer les yeux. Elle les rouvrit. Brigitte semblait se défendre contre les mains qui s’acharnaient à la vêtir. D’imaginer la froideur de cette peau et sa dureté, fit naître une nausée en elle. Dans un mouvement fou le sol monta au-devant de ses yeux. Mais ce n’était pas le moment de s’évanouir. Le regard de reproche que lui lança Martine la fit se ressaisir promptement.

Enfin, ce visage nu et cireux, cette bouche entr’ouverte, ces yeux braqués sur elle sous les paupières demi-closes disparurent.

La morte fut ficelée dans sa toile.

Annette fit une inspiration profonde.

La servante s’activait comme si, toute sa vie elle eut attendu cette minute où elle devait être la complice d’un assassin. À genoux maintenant, elle lavait à la brosse dure les traces de sang laissées sur le parquet.

— Amenez la voiture, Madame, dit-elle. Annette obéit.

Tenant le cadavre serré contre eux, le maître et la servante l’installèrent tant bien que mal sur le siège arrière.

— Allez du côté de la Combe-