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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

ne accuse Ruby d’avoir voulu lui lever son mari. D’après ce que m’a téléphoné ton patron, c’est comme cela que ça a commencé dans le bar de la place Pigalle. Vrai, pas vrai : il y a quelque chose entre eux. Et note que ni lui, ni elle ne m’ont rien dit de cela. Alors, voilà. Tu vas demander au sommier s’il y a quelque chose sur Ruby Aubron, et qu’on te sorte aussi le dossier Savelli. Fais vérifier par acquis de conscience l’alibi Freddy. Moi, je vais cuisiner tous les gens d’ici. Ce n’est pas embêtant. Ils sont rigolos, et il y a de belles filles. Allez, exécution.

 

Cependant Tonio avait trouvé Liliane effondrée sur son lit. Il la regarda. Elle avait soudainement vieilli ; elle était presque laide.

Tonio haussa les épaules. Il tira à lui une chaise, l’enfourcha, s’accouda sur le dossier. Un instant, il tira sur sa cigarette, puis il dit :

— T’en fais une tête. Qu’est-ce que tu as ?

Liliane ne répondit pas. Elle semblait ne rien voir.

— Ben quoi, réponds ! C’est pour Ruby que tu te mets dans cet état ? C’est embêtant, je ne dis pas. Mais on en a vu d’autres.

Liliane garda encore le silence.

Tonio poussa un long soupir, se leva, passa dans le cabinet de toilette. Avec soin, il rectifia l’ordonnance de sa chevelure, ajusta sa cravate, puis revint et se dirigea vers la porte.