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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

mettre en route vers une vie simple. Nous avions de l’argent car je travaillais, ma femme continuait à exercer son métier de sage-femme. Elle était restée cependant incroyablement provinciale. Son caractère froid, méprisant, son entêtement et ses sautes d’humeur, réussirent à éloigner de moi tous mes amis. Alors, le jour où je rencontrai une fille aimante, douce, intelligente, j’ai cédé au désir d’avoir dans ma vie un coin où je serais heureux. Ma femme ignorait tout de ma liaison, je n’avais pas dit à mon amie qui était ma femme… Et voilà, ça a été le malheur, leur rencontre…

— Je me suis vengée, dit madame Amandine durement.

— Mais les autres ? Pourquoi les avez-vous tuées ? demanda l’inspecteur.

— Quand j’ai vu Ruby Aubron, il m’a semblé revoir celle que j’avais tuée déjà une fois… Vous pensez si j’avais gardé son visage dans ma mémoire. Et la revoilà, avec ses cheveux bruns, son petit visage de sainte Nitouche. Et c’était une saleté comme l’autre. Cela n’a pas traîné. La seconde nuit qu’elle a passée ici, elle a ramené un homme. Je la guettais ; je les ai vus rentrer tous les deux. Et puis, il est parti. Il fallait que je la tue. Il fallait la punir. J’ai tout de suite su comment j’allais la tuer. J’avais pris le matin un stylet dans ma trousse restée chez le pharmacien dans un débarras avec quelques bagages. Une belle arme, vous