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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Aucune peur. D’abord, je vous savais là tous les deux…

— Tu parles d’un poireau ! Depuis six heures du soir qu’on était enfermé.

— Ensuite, je pensais si peu que l’assassin pouvait être madame Amandine que je n’ai éprouvé aucune crainte en la voyant entrer.

— Eh bien moi, dit Jean Masson, cela ne m’a pas étonné de la voir pénétrer dans la chambre. Non pas que j’ai eu des soupçons. Mais je me suis dit : En voilà une qui écoute aux portes. Elle a entendu le dialogue qui s’est déroulé entre sa voisine et son compagnon de rencontre. Elle voudrait bien en savoir plus long.

— Jean, gronda Marion en riant.

— Tu as été pourtant épatante, criante de vérité dans ton rôle de petite poule. Roland Lantier a été moins brillant dans son rôle de client. On aurait dit que tu l’intimidais ; il ne savait quoi te dire.

— Mets-toi à sa place. Il est difficile de tenir un duo d’amoureux — et de quel amour ! — sans faire aucun des gestes correspondants et en se tenant à bonne distance.

L’inspecteur intervint.

— Oui, c’est là où votre reconstitution pêchait. Excellente idée de donner à l’assassin à l’écoute la comédie de l’amour verbal, si je puis dire. Mais supposez que ledit assassin ait regardé : il n’aurait pas été dupe.