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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Les hommes, les hommes, grommela madame Amandine.

La jolie fille fit une pirouette.

— Les hommes, il faudra bien qu’ils constituent la dot de la petite Mariette. Quand elle sera assez rondelette, je me marie. En attendant, à moi Paris.

Tout en bavardant, les deux femmes avaient atteint la porte d’entrée.

Dehors, il pleuvait à verse.

— Mince de temps, fit Mariette. Heureusement que vous avez votre parapluie. Moi, je vais me trotter. Je suis entraîneuse à l’« Ange Rouge » à partir de ce soir. Au revoir madame.

Blottie dans son imperméable, elle se jeta dans l’ondée.

Madame Amandine la regarda partir ; sur son visage couperosé le mépris s’inscrivait. Un peu de haine également. À son tour, elle s’avança dans la rue. Mais là-bas éclata le rire joyeux de Mariette, car s’étant retournée pour passer d’un trottoir à l’autre, elle venait de voir madame Amandine qui s’en allait gravement sous la pluie en usant de son parapluie fermé comme d’une canne.

Madame Amandine revint peu de temps après, portant une baguette de pain. C’était l’heure où, les locataires étant tous sortis, il y avait du calme et du silence dans l’hôtel Minerva. La concierge faisait les chambres aux étages supérieurs. Madame Amandine se dirigea vers la fenêtre afin de fermer ses rideaux.