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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

je ne tiens pas à ce qu’on sache que j’ai été mêlé à cette triste affaire. On ne comprendrait sans doute pas ma conduite, et j’ai dû vous dire que moi-même ne m’expliquais pas très nettement les mobiles qui m’ont poussé. Je me fie donc à votre discrétion.

— Vous pouvez compter sur elle. Rien de ce que vous venez de me dire ne sortira de ce cabinet. Il ne servirait d’ailleurs à rien que le nom de Roland Lantier figurât dans les journaux autrement que pour la gloire de nos ailes.

Le grand aviateur s’inclina.

— Ma seconde requête, dit-il ensuite, est plus délicate. Après ce que je vous ai raconté, vous pouvez concevoir que je ne suis pas tout à fait tranquille du côté de ma conscience. Il me semble que j’ai un devoir à remplir à l’égard de la mémoire de ces malheureuses que mes bras furent les derniers à presser, à l’égard notamment de cette petite Ruby qui aura connu une seule nuit d’amour, et par moi. Je n’aurai donc de repos que lorsque le meurtrier sera arrêté, et c’est pourquoi je vous demande de m’associer à vos recherches. Je ne passe pas pour avoir peur ; je crois même que je suis assez amoureux du danger. Et par ailleurs, à force de tourner et de retourner mes pensées dans la tête, il m’est venu une idée que je voudrais vous soumettre.

— Je vous écoute, fit Neyrac.