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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

vaincre déjà de mon innocence. Il y a aussi autre chose.

L’homme, de la poche intérieure de son veston, tira un portefeuille de cuir fin, y prit une carte de visite, la tendit à Neyrac.

Depuis le début de l’entretien, l’inspecteur principal dévisageait froidement son visiteur. Tout de suite, il avait acquis la conviction qu’il avait déjà vu ce visage quelque part ; peu à peu, les circonstances de leur rencontre s’étaient précisées dans son esprit. Il ne fut pas étonné de lire sur le carton qu’on lui remettait ce nom : Roland Lantier. Déjà il savait que son visiteur était l’aviateur dont les performances et les raids avaient rendu le nom universellement célèbre.

— Monsieur Lantier, dit-il gravement, en général, nous autres, policiers, considérons toute personne comme coupable jusqu’à preuve du contraire. Il m’est agréable pour une fois de renverser ce principe et, jusqu’à preuve du contraire, je vous tiens pour innocent. L’autorité de votre nom est un garant ; la spontanéité de votre témoignage en est un autre. Vous me permettrez de vous remercier.

— Puis-je vous présenter deux demandes ?

— Je vous en prie.

— Tout d’abord, je vous demanderai de ne rien ébruiter de ma confession. Je suis célibataire, je n’ai même pas d’amie en titre. Je ne dois de compte à personne, mais, en raison même de la notoriété qui, à tort ou à raison, s’attache à mon nom,