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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Monsieur, ce que j’ai à vous dire est en somme une confession. Elle peut être assez longue, et de toutes façons, elle m’est excessivement pénible à faire. Je me sens obligé de vous l’apporter afin de mettre ma conscience en repos, mais j’ose vous demander de m’écouter sans m’interrompre ; je serai, à la fin de mon récit, à votre entière disposition et vous pourrez user de moi à votre gré.

Neyrac, de plus en plus intrigué, s’inclina en signe d’acquiescement.

L’inconnu reprit :

— La nuit où elle devait être assassinée, Ruby Aubron est rentrée à l’hôtel Minerva accompagnée d’un homme. Je ne vous apprends rien. Cet homme, c’était moi. La nuit suivante, Liliane Savelli rentrait également à l’hôtel Minerva avec un homme et elle devait également être assassinée ; cet homme, c’était encore moi. Et vous savez que c’est moi qui ai accompagné la fille Adorata au même hôtel la nuit de sa mort. Voilà certes ce qui est en droit de vous émouvoir et de faire peser sur moi les plus lourds soupçons. Je dois donc vous expliquer comment il se fait que je me trouve si intimement mêlé à cette sanglante affaire.

Chacun de nous a ses faiblesses. Je ne sais si c’en est une d’aimer les jolies filles et de craindre en même temps les complications inévitables de l’amour. Si oui, elle me conduit souvent à des aventures, faciles hélas ! dont je ne relève la banalité que par la beauté et l’originalité que je