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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

faire une déclaration au sujet de l’éventreur. Je lui ai répondu de vous l’envoyer.

— Il est là.

— Faites-le entrer.

L’homme qui pénétra dans la pièce avait visiblement fait toilette pour la circonstance. Il était possible, et même probable qu’à l’ordinaire le cosmétique dessinât sur son crâne les mêmes arabesques savantes avec les quelques cheveux qui lui demeuraient et qui, fort longs, partaient d’une oreille, allaient virer près de l’autre et revenaient à leur point de départ non sans marquer une aimable boucle vers le front, mais il était certain que jamais l’homme ne portait ce faux-col dur dans lequel il s’étranglait, ce nœud papillon, ce veston sanglé sur son ventre tombant. Intimidé, il tournait son chapeau dans ses mains énormes.

Neyrac le pria de s’asseoir et lui dit :

— Vous avez, je crois, une déclaration à faire au sujet de l’éventreur de Montmartre.

L’homme toussa, renifla, se gratta la nuque, finit par répondre.

Il avait un accent méridional bien marqué.

— Voilà ce que c’est. C’est ma femme qui me tarabuste depuis deux jours pour que je vienne vous dire cela. Bien sûr, vous allez vous moquer de ma fiole. Mais j’ai voulu avoir la paix chez moi. Car vous ne la connaissez pas, Albertine. Elle