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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Il n’avait évidemment pas intérêt à ce qu’on découvrît ce couteau ensanglanté. Le manque de précautions prises pour l’emporter plaide en sa faveur.

— Nous classons ?

— Je crois que provisoirement du moins, c’est plus sage.

Marion demanda :

— Et Jean Desmont ?

Chancerel leva les épaules.

— Un bon petit jeune homme qui a voulu jouer les affranchis. J’ai longuement interrogé la veuve Robineau. Elle m’a raconté des choses assez intéressantes. Elle, c’est la fille d’un gros marchand de bestiaux qui lui a laissé une fortune assez rondelette. Elle avait épousé un ancien adjudant devenu officier à la faveur de la guerre et qui est mort d’une maladie de foie parce qu’il absorbait régulièrement ses cinq apéritifs tous les jours : deux à midi, trois le soir. La solitude lui a pesé. Elle a rencontré Jean Desmont qui n’a fait aucune difficulté pour devenir son amant. Il s’est installé chez elle, et il vit à ses crochets. Voilà tout. Il s’occupe vaguement de représentation. Il est surtout paresseux. Il fréquente Montmartre parce qu’il aime les filles, et parce que cela le pose à ses propres yeux. Il espère aussi peut-être y trouver quelque petite combine pas dangereuse.

— Un petit margoulin, fit Neyrac.