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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Solange, fit l’hôtelier, montre le 12 à mademoiselle.

La chambre était petite et longue. Un papier à fleurs déteint couvrait les cloisons que l’on sentait fragiles. Des taches de moisissure mettaient au plafond de capricieuses cartes de géographie. Le mobilier ne comprenait qu’un lit de fer, un lavabo scellé au mur, une petite table couverte d’un tapis pisseux, deux chaises.

— Dites-moi, fit Marion en glissant une pièce dans la paume de la servante ; pouvez-vous me dire quels sont mes voisins de palier.

— À côté, c’est une dame… une dame qui reçoit des visites, vous comprenez… en face, c’est un monsieur seul qui est là depuis quelques jours. Je ne sais pas trop ce qu’il fait. Au-dessus, c’est des artistes… enfin, lui, il est peintre et elle, elle vit avec lui. C’est de la jeunesse, mais ils ne font guère de bruit. Vous serez tranquille.

— Je vous remercie.

Quand la servante fut partie, Marion s’empressa d’ouvrir en grand la fenêtre pour dissiper l’odeur de renfermé qui empuantait la chambre. Mais des relents aussi nauséabonds montèrent de la rue.

Marion s’y résigna. De sa mallette, elle sortit le numéro du « Mondial » qu’elle avait apporté, le plia de façon à ce qu’apparut la photographie de Pierre Jaumes, et le plaça bien en évidence sur la table.