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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

vant l’hôtel Morel, elle s’arrêta. La demeure était assez peu engageante. C’était une maison étroite, mais haute de six étages, percée de deux fenêtres à chaque étage. Les plâtres du mur s’écaillaient en plaques de lèpre, ce qui rendait plus agressif le vert criard dont on avait badigeonné le bar du rez-de-chaussée. Au-dessus de la porte d’entrée se balançait sur une tringle rouillée un panneau : « Hôtel meublé ». Les rideaux des fenêtres étaient douteux.

Cependant Marion entra. Presque tout de suite, l’escalier s’enfonçait dans l’ombre des étages supérieurs ; il n’offrait ses marches inférieures que pour montrer que son tapis était mangé à chaque angle et s’effilochait dangereusement. Mais il y avait près de son départ une stèle aux pattes grêles sur laquelle une plante verte étalait des feuilles exténuées.

Dans une loge de verre, un gros homme, d’un crayon court et sans cesse mouillé, cotait des noms de chevaux sur un journal de courses. Il n’était vêtu que d’une chemise et d’un pantalon qu’une ceinture retenait avec difficulté sur son ventre énorme. Sa nuque était extraordinairement rouge ; une moustache humide barrait sa face congestionnée.

— Qu’est-ce que c’est, fit-il en apercevant Marion ?

— Je voudrais une chambre, répondit la journaliste.