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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Et c’est parce qu’elle n’a pas voulu que tu l’as tuée.

Alors Jean d’un bond se mit sur ses jambes, renversant sa chaise qui tomba avec fracas. Tout son corps se mit à trembler. Il hurla :

— Non, non, pas ça, pas ça… Ce n’est pas moi, ce n’est pas moi… Je ne suis pas un assassin.

Et il resta là, haletant, la figure contractée, les poings sur la tête.

Neyrac fit un signe d’intelligence à Chancerel qui reprit :

— Allons, allons, du calme. Tu as déjà des circonstances atténuantes. Tu aimais Ruby ; elle t’a résisté : tu l’as tuée. Crime passionnel. Tu pourras t’en tirer.

Mais Jean de nouveau hurla :

— Ce n’est pas moi, pas moi… non, non, pas ça…

Ce fut au tour de Chancerel d’élever la voix :

— Alors, parle-nous de la dernière fois que tu as vu ton amie Ruby… oui, raconte-nous cela.

Jean se balança comme un ours sur ses jambes. Ses yeux prirent l’expression hagarde de ceux d’une bête traquée.

— J’ai soupé avec elle la veille de sa mort… Je lui ai dit que je l’aimais… Et c’était vrai, entendez-vous, c’était vrai… Elle m’a envoyé promener… Elle s’est sauvée…

— Quel fut l’emploi de ton temps la nuit du meurtre ?

— J’étais à mes affaires.