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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Vous dites toujours cela. Je vous connais.

— Tu as déjà été interrogé ?

— Jamais. Mais on sait ce qu’on sait.

— Tu as tort de t’obstiner, puisque nous savons tout.

— Tout quoi, d’abord ?

— Eh bien, tout.

— Que vous dites. Faudrait le prouver.

Chancerel tapota son crayon contre le buvard.

— À ton aise, mon garçon. Allons-y. Tu prétends toujours être rédacteur à « Jour-Express » ?

Jean haussa les épaules d’un air las.

— Un bobard que je raconte à la vieille pour avoir mes nuits libres. Elle est jalouse.

— Je m’en doutais déjà. Et pourquoi voulais-tu avoir tes nuits libres ?

— Dites : vous avez vu la veuve Robineau. Il y a à Paris des filles un peu mieux.

— C’est donc pour courir que tu as inventé ce mensonge ?

— C’est enfantin.

— Et c’est en cherchant des aventures que tu as fait la connaissance des May Sisters ?

Jean eut un rictus, baissa la tête. C’est d’une voix sourde qu’il répondit :

— Oui. Ruby.

— Ruby et Liliane

— Non. Ruby seulement.

— Tu as été l’amant de Liliane et de Ruby, des deux ?