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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Que lui voulez-vous ? Il n’a rien fait de mal.

Chancerel n’avait pas la courtoisie de Neyrac.

— Ce n’est pas votre cousin, n’est-ce pas. C’est votre amant ?

La femme se troubla. Ses doigts boudinés tripotèrent les dentelles du peignoir.

— Oui, fit-elle.

— Il est beaucoup plus jeune que vous. Vous l’entretenez ?

— Je l’aide un peu à vivre. Il est si mal payé dans son journal.

— Car il travaille dans un journal. Lequel ?

— « Jour-Express », un grand journal, vous voyez. Il y passe toutes ses nuits pour presque rien. Ç’en est une honte.

— Ah ! il est toutes les nuits dehors ?

— Oui, monsieur.

— Il y a longtemps que vous le connaissez ?

— Cela va faire deux ans. Je l’ai rencontré trois ans après la mort de mon mari. C’était quelqu’un de très bien, un officier. Il était capitaine d’habillement au 232e de ligne. Un régiment superbe.

— Où l’avez-vous rencontré ?

— Dans un dancing.

Tout en parlant. Chancerel avait pénétré dans l’appartement. Il n’avait eu qu’à soulever une portière pour se trouver dans un petit salon encombré de meubles rococo et d’innombrables bibelots ridicules. Au milieu d’une des parois, un agrandissement dont le cadre portait un nœud de crêpe noir