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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Et il avala son verre d’un coup. L’ivrogne fit de même.

— Remettez-nous ça, patron, commanda le petit homme.

Puis, revenant à son compagnon.

— Vous êtes sans doute artiste pour les connaître aussi bien ?

L’homme hoqueta :

— Artiste, c’est-à-dire non. C’est plutôt… Enfin, je vais te le dire parce que tu es un copain. Mais faut pas le répéter. J’ai couché avec elles.

— Sans blague !

— Oui, mon vieux. C’est comme cela. Tel que tu me vois, j’ai couché avec elles. Une nuit l’une ; la nuit suivante, c’était l’autre.

— Vous n’avez pas dû vous ennuyer.

— Tu parles. Ah ! là là, quand j’y pense, ça me donne soif. Tu paies un verre ?

— Patron, fit encore le petit homme en désignant les verres. Et il y a longtemps de cela ?

— Penses-tu… Mais pourquoi que tu me poses tant de questions ?

— Histoire de blaguer. Vous pensez si je m’en balance.

— Oui, parce que faudrait pas croire des choses.

— Bien sûr… Ça ne fait rien, vous êtes un sacré veinard.

Une flamme dansa dans les yeux de l’ivrogne.

Il y eut un silence.