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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

patronne, Simone, une jolie fille portant des fleurs dans sa chevelure, se versait à longueur de journée des coupes de champagne qu’elle absorbait avec des mines de gourmandise. Il ne restait plus place que pour une alignée de tables couvertes de nappes à carreaux et garnies chacune d’un vase muni d’un petit bouquet changé chaque jour.

Assis derrière une de ces tables, des Martinis devant eux, Neyrac expliquait à Marion :

— Vous comprenez, votre histoire Pierre Jaumes, c’est très intéressant, très intelligent. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Mon histoire Takigoutchi, c’est moins brillant, mais c’est plus solide. Au fond, je ne suis pas mécontent de ma journée. Car je suis arrivé à fixer quelques points précis dans l’ombre au milieu de laquelle j’allais jusqu’à présent. Faisons le point, voulez-vous ? Trois femmes, à quelques jours d’intervalle, sont assassinées dans des conditions identiques qui révèlent un seul et unique meurtrier dans le même immeuble. Dans cet immeuble loge un individu. Cet individu fait l’acquisition d’un couteau dont rien dans sa profession ne justifie l’usage. Par ailleurs, cet individu appartient à une race dont la cruauté est souvent un caractère ethnique. Il ne faudrait pas accorder beaucoup de mérite à la logique si l’on n’en déduisait qu’obéissant à son instinct sadique, l’individu a acheté le couteau uniquement pour assassiner les trois femmes.