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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— À un petit homme au teint jaune, un Chinois ou un Japonais. Je ne fais pas bien la différence. Il m’a paru être un artiste de cirque, de music-hall, quelque chose comme cela. Je m’en souviens, car je me suis demandé ce qu’un artiste pouvait bien faire avec un couteau de ce genre. C’est un article plutôt pour boucher, charcutier ou cuisinier.

— Il ne vous a rien dit.

— Il a longuement hésité avant de faire son emplette. Il a pris en main le couteau, l’a pesé. Enfin, il a prononcé ces mots avec un fort accent anglais : « Ça fera peut-être l’affaire. Je vais essayer ». Il a payé. Il est parti.

— Avez-vous emballé le couteau ?

— Comme d’habitude. Dans un papier d’emballage.

— Pas dans un journal ?

— Ma maison ne se sert pas de journal pour ses paquets.

Pendant que le coutelier donnait ces précisions, la pensée de Neyrac avait bondi vers ce Japonais qui logeait à l’hôtel Minerva, et qu’il avait interrogé comme tous les locataires de la maison meublée. Il avait déclaré ne rien savoir et son attitude n’avait éveillé aucun soupçon, aucun intérêt même. Il était de ceux qui étaient demeurés dans l’immeuble au moment de l’exode.

L’auto de Neyrac eût mérité cent contraventions pour excès de vitesse quand, sortant du magasin