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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Ah ! mais non, mais non. Je suis innocent. Et mon œil, il se guérira bien tout seul.

— Pourquoi ne voulez-vous pas aller à l’hôpital ? Vous y serez bien. Vous y aurez un lit.

— Je ne dis pas. Mais on n’y boit que du lait.

— Régime spécial. Besoin de fortifiant, fit Neyrac à Chancerel. Vous arrangerez cela.

Dès le lendemain, Neyrac apprenait que « Les couteliers réunis » avaient une maison de vente à Paris rue de la Chaussée-d’Antin. L’inspecteur principal s’y rendit lui-même avec le couteau.

Le commerçant, un homme barbu qui portait lunettes, vint au-devant de lui.

— Vous désirez, monsieur ?

— Police… J’ai besoin de quelques renseignements. C’est vous qui avez vendu ce couteau ?

Le coutelier prit l’instrument, l’examina.

— Oui, monsieur. Il sort de mon magasin. C’est un article courant, de taille cependant peu demandée.

— Vous souvenez-vous avoir vendu celui-ci ?

— Parfaitement, monsieur. Je le reconnais à cette veine dans le bois qui m’avait frappé. Et d’ailleurs, vous voyez ici, on lit encore le prix : 39 francs 50 ; et je reconnais mon écriture au crayon.

— Quand l’avez-vous vendu ?

— Il y a une dizaine de jours. Je pourrai vous dire la date exacte en consultant mes livres.

— Et à qui l’avez-vous vendu ?