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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Neyrac le considéra, soupira.

— Comment vous appelez-vous ? fit-il.

— Lebellec, Yves, Jean-Marie. C’est sur mon livret.

Il désignait un livret militaire, noir de crasse que Chancerel avait jeté sur la table du commissaire.

— Profession ?

— Je bricole. Je donne un coup de main. Dans le temps, j’ai été marin.

— Domicile ?

— Où ça se trouve. Il y a des moments où le gouvernement a la gentillesse de me loger et de me nourrir.

— Pourquoi avez-vous attaqué madame Jordaens ?

L’homme écarta les deux bras en un geste d’impuissance.

— Je vas vous dire, monsieur le policier. J’y voulais pas de mal à cette personne. Je ne suis pas un méchant, moi. C’est un malentendu.

— Un malentendu ? Et le couteau que vous aviez à la main.

— C’était pour lui vendre. J’avais pas le rond, et j’avais envie d’andouille. C’est un goût permis. Alors, je me suis dit qu’un couteau, ça pouvait intéresser un charcutier. C’est pas à un bijoutier que j’aurais proposé cela. D’abord parce que c’est pas du monde que je fréquente, et puis parce qu’un bijoutier, ça ne se sert pas d’un couteau.