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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

marqué s’il y avait des passants dans la rue de Douai ?

— Ben, à cette heure-là, savez-vous, les gens, ils sont plutôt à déjeuner. Mais enfin il y a toujours un peu de va-et-vient. Pas des clients, ou c’est rare. Des gens qui passent plutôt.

Chancerel entrait dans le bureau, la figure rayonnante.

Neyrac lui tendit la main sans mot dire.

— En somme, madame, l’individu ne vous a pas à proprement parler menacée ?

Le visage de la grosse dame devint cramoisi.

— Pas menacée… pas menacée… Et le couteau, alors. J’aurais voulu vous y voir, mon bon monsieur.

— C’est bien. Vous pouvez vous retirer. Je n’ai plus besoin de vous pour l’instant.

Le couple sortit.

À la porte du commissariat, les journalistes guettaient. Ils bondirent sur la charcutière.

— Madame, madame, vos impressions ?

— Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai eu peur, très peur. Quand je l’ai vu qui sortait son couteau et qu’il allait le brandir, j’ai cru ma dernière heure arrivée. Je me suis déjà vue renversée par cet homme ; j’ai senti le fil coupant et froid de l’acier ; j’ai pensé que j’allais être saignée comme un cochon. C’est épouvantable. Ce métal qui entre dans vos chairs, qui vous coupe toute vivante. On peut dire que j’ai vu la mort en face, et de