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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Je le jure, fit-il avec gravité.

— Non, non, dit Neyrac en souriant. Vous n’avez pas à prêter serment ici. Je vous écoute.

— Je croyais, fit l’homme en reprenant sa chaise. Voilà. C’est la pure vérité. Quand j’ai entendu madame Jordaens appeler au secours dans la boutique, mon sang n’a fait qu’un tour. Bon sang de bon sang, que je me suis dit, le tiroir-caisse. Je mettais de la moutarde sur ma côtelette. J’ai laissé ça là. Je me suis précipité. Dans la boutique j’ai vu l’individu que madame Jordaens vous a dit. Il était au milieu de la pièce, son couteau dans la main. Je n’ai écouté que mon courage. Je me suis jeté en avant, comme cela, et je lui ai mis un marron, pan, dans l’œil.

— Qu’a fait l’individu ?

— Il a ouvert la bouche, comme cela. Mais, pan, je lui ai mis un coup de savate dans le tibia. Alors, il a fait : « Oh ! oh ! » et il a laissé tomber son couteau. Moi, je lui ai dit : « Tiens, salaud », sauf votre respect. Et je lui ai remis cela, un marron en plein sur le nez. V’lan. C’est alors que des gens sont arrivés et on s’est mis à le tabasser. Ah ! on peut dire qu’on l’a échappé belle.

— Quelle attitude avait l’individu quand vous êtes entré dans la boutique ?

— Il n’avait pas d’attitude. Il était comme un qui ne comprend pas.

— Je vous remercie. Madame Jordaens, lorsque vous êtes allée pour servir le client, avez-vous re-