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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

me que la boutique s’est trouvée pleine et que j’ai eu peur pour la marchandise. Il y en a toujours qui ne sont pas manchots, comme on dit.

Neyrac demanda :

— Je vous demande pardon de vous interrompre, madame. Quand l’homme a tiré son couteau, avait-il un air menaçant ?

La charcutière prit un temps.

— Menaçant, vous dites. Ce n’est pas tout à fait cela. Il avait plutôt l’air idiot.

— Le couteau, était-ce un couteau de poche…

La charcutière s’offusqua.

— Un couteau de poche… j’aurais pas eu peur. C’était un vrai couteau.

— Un couteau de charcutier, insinua Neyrac.

— C’est cela, un couteau comme ceux que je me sers.

— Et après, qu’a dit l’homme ?

— L’homme, eh bien, il n’a plus rien dit. Vous pensez, avec tout ce monde qui lui tombait dessus. Et des coups de poings, et des coups de pied, et je te cogne, et je t’en donne, que ça faisait plaisir à voir.

— Vous l’avez frappé également ?

— Ah non, pas moi. Je m’étais mise à l’écart, rapport que je surveillais la marchandise.

— Et vous, monsieur, dit Neyrac en s’adressant à M. Jordaens, qu’avez-vous à dire ?

Le charcutier se leva, étendit le bras droit en l’air.