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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

vous dire, mon bon monsieur, que, sans ma commise, j’en avais plein les jambes. Servir, rendre la monnaie, etc., etc… Avec cela que les clientes sont parfois d’une exigence. Je ne dis pas cela en mal, notez, mais enfin, passons. Bon. Je me lève, je vais dans la boutique et, qu’est-ce que je vois ? Une sorte de clochard, un miteux, on aurait dit un mendigot. Enfin, il marquait mal. « Qu’est-ce que c’est ? » que je lui fais. « C’est de l’andouille que je voudrais », qu’il me répond avec un drôle d’air. « Combien que vous en voulez ? » que je lui dis. « Ça dépend », qu’il me fait, toujours avec son air. Ça me surprend, n’est-ce pas. Ce n’est pas ce que disent d’habitude les clients. Mais enfin, je lui fais comme cela : « Ça dépend de quoi ? » Alors il me dit : « Ça dépend combien ça coûte ». Ça m’a mis la puce à l’oreille, savez-vous. Je me suis dit en moi-même : « En voilà un qui n’est pas aux as ». D’ailleurs cela se voyait bien. Je vous ai dit qu’il n’avait rien d’un Rothschild. Je lui demande : « Vous avez t’y de l’argent au moins ? » Alors c’est là que c’est arrivé. « Non, qu’il me répond, mais j’ai ça ». Et qu’est-ce qu’il tire de dessous son manteau ? Un couteau, oui monsieur, un couteau, long comme cela. Dame, ça m’a fait un coup de voir cela. Avec tout ce qu’on raconte depuis quelque temps, tout ce qu’on lit dans les journaux. Alors, je me suis mise à crier « Au secours, au secours ». Ça fait que monsieur Jordaens est arrivé. et puis des gens qui passaient dans la rue, mê-