À grands coups de klaxon, Neyrac parvint à se frayer un chemin, arriva jusqu’à la porte du commissariat. Les agents qui, à force bourrades, contenaient la foule le saluèrent. L’inspecteur entra, monta directement au bureau du commissaire. Il trouva celui-ci en compagnie d’un couple : un homme assez fort, rouge de figure et roux de poil, vêtu d’une veste à petites raies violettes et blanches et une femme corpulente, de traits empâtés, en tablier blanc à bavette sur une jupe de cotonnade.
Voyant entrer Neyrac, le commissaire s’exclama :
— Justement, voici l’inspecteur principal Neyrac. C’est lui qui poursuit l’enquête. C’est à lui dorénavant que vous aurez à faire.
Neyrac serra la main du commissaire.
— Que se passe-t-il ?
— Je crois que nous tenons enfin l’éventreur.
— On m’a parlé au téléphone d’un flagrant délit.
Le commissaire désigna la grosse dame.
— En voici précisément la victime.
Neyrac la regarda, sourit un peu.
— Je me félicite, madame, de ce que, pour une victime, vous ayez une santé aussi florissante.
La grosse dame poussa un énorme soupir.
— Ah ! c’est de peur que j’ai failli mourir. Pensez donc, ce couteau, et la figure qu’il avait.
Neyrac l’interrompit d’un geste de la main.