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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Je me sens très bien, rassure-toi. Georges, je n’ai pas été capable de le garder. Et puis, je ne l’ai plus à la bonne. Alors, il faut se remettre au charme. Et dis un peu voir : si je reprends le pépin, moi… Car je me connais. Il me faut de l’amour. Et ça ne me dit rien, t’entends. J’en ai ma claque de souffrir. Tandis que celui-là dont tu causes, ça c’est un homme. Il peut bien me couper en morceaux, il m’aura au moins aimée comme je veux.

— Tais-toi, Adorata. Et ne va pas rue Clauzel.

— Bien sûr que j’irai. Des fois qu’il viendrait.

— Écoute, Adorata, viens plutôt chez moi.

— Merci. Laisse-moi faire. Au revoir.

Preste, elle gagna la sortie. Sur ses épaules, elle jeta un mauvais manteau qu’elle avait laissé au vestiaire.

La fille noire touchait le bois du bar et murmurait :

— Elle va attirer le malheur.

À peine Adorata avait-elle fait quelques pas dans la rue, qu’une main se posa sur son poignet. Elle sursauta, Max était devant elle. Son visage bronzé était traversé par un calme sourire,

— Tu m’attendais, dit Adorata.

— Non, répondit Max. Je n’ai plus de tabac. Et je fume un mélange que je prépare moi-même. Je voulais monter dans ma chambre en prendre. Je passais au Frisco voir si tu étais partie.