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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Adorata demanda :

— Et toi, qu’est-ce que tu deviens ?

Max lança sur le bar quelques billets, se laissa souplement glisser du tabouret.

— Oh ! moi, tu sais, toujours la même chose.

Personne ne savait ce que faisait Max. La nuit, on le voyait apparaître la pipe aux lèvres, tantôt dans un bar, tantôt dans un autre. Il buvait, fumait, parlait peu, observait beaucoup. Il s’en allait, gagnait parfois sa chambre de la rue Clauzel, parfois s’enfonçait à pied dans la nuit. On était des semaines sans le voir, puis pendant des semaines on ne rencontrait que lui. Jamais on ne l’avait aperçu pendant le jour. Il avait de l’argent et se montrait généreux. Mais toujours avec politesse, il déclinait les avances des filles. On le voyait toujours seul.

Quand il fut parti, serrant des mains ici et là, l’une des noires s’approcha d’Adorata.

― Tu n’es pas folle d’aller rue Clauzel ?

— Pourquoi ?

— Après ce qui s’est passé au Minerva.

— Explique-toi.

— C’est vrai. Tu n’avais pas les gazettes là d’où tu viens.

— Des coupures seulement, celles où on parlait de Georges et de moi. Des bobards d’ailleurs. De quoi se marrer. Je me demande où ils vont chercher tout cela les journalistes. C’est mon baveux qui me les passait en douce. Un bel homme, tu sais, et