Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LA MORT FAIT LE TROTTOIR

dans la peau, tas de mauviettes, de fausses-couches, d’eunuques.

Sans rancune, Georges, guéri, l’avait cependant sauvée.

— Tu vois, disait une des noires, il t’aimait tout de même.

Adorata éclata de rire.

— Ce que je m’en balance. Tu sais ; j’ai eu le temps de me faire une raison. Georges et moi, c’est fini. Enterré. On n’en parle plus.

— Blague donc pas. Tu l’as encore le béguin, Adorata devint furieuse.

— Le béguin, moi, le béguin pour ce foie-blanc. Non, tu ne m’as pas regardée. Si ç’avait été un homme, un vrai, c’est la croix des vaches qu’il me faisait. Ou bien, il me butait. Ça, c’est d’un mâle. Mais lui, il se donne des airs de gentleman. Ça pardonne, ça se charge pour me blanchir. J’ vas dire une chose. Celui-là qui n’est pas capable de haïr, il n’est pas capable d’aimer. C’est comme cela que je le comprends, moi.

— Que vas-tu faire, maintenant ?

— Je reprends le turbin. Un homme, ça peut encore se trouver, non ? J’en veux un, et puis un autre, et puis beaucoup. À en crever, t’entends. Et je ne suis pas en peine, tu sais. Il n’en manquera pas pour cavaler après moi.

Elle rejeta ses cheveux en arrière d’un mouvement brusque, bombant le torse.