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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Jean Masson ouvrit sa serviette, en tira des photographies qu’il posa sur la table devant l’inspecteur.

— Elles ne sont peut-être pas très bonnes, mais elles pourront toujours vous servir.

— Je crois bien.

— Tenez. Voici l’homme en question, Pierre Jaumes, tel qu’il était à l’époque de son arrestation.

Neyrac, attentivement, examina le portrait.

— Il n’a cependant l’air ni d’un fou ni d’un criminel. Regardez ce front bien découvert sous les cheveux noirs, ces lèvres bien dessinées, ce regard droit.

Marion Hérelle intervint.

— D’après les renseignements que j’ai recueillis dans les journaux d’alors, Pierre Jaumes était un intellectuel. Né dans une famille très honorable — le père devait être, je crois, avoué en province — il commençait ses études de médecine en 1914 quand la guerre éclata. Il fut mobilisé. Après les hostilités, sa famille avait subi des revers de fortune. Son père était mort. Il dut gagner immédiatement sa vie. Il entra dans un institut de beauté.

— Notez, dit Neyrac, que les sadiques peuvent très bien être des intellectuels.

Puis, tirant à lui le portrait d’une jeune femme très jolie que lui tendait Jean Masson :

— Et ça, qui est-ce ?

— La victime.