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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Neyrac était enchanté. Les journalistes, tout occupés de Tonio, n’étaient pas pendus à ses basques.

Bon nombre de locataires de l’hôtel Minerva étaient partis, pris de panique. L’inspecteur regrettait de ne plus rencontrer les deux belles filles, la blonde et la brune, qui avaient été les premières à fuir l’immeuble maudit.

Eleanor était restée, malgré les sourdes menaces que Tonio Savelli proférait entre ses dents chaque fois qu’il voyait celle à laquelle était due son arrestation. Mais il se savait discrètement, mais étroitement, surveillé. Il ne pouvait songer à disparaître. Le mieux pour lui était de se tenir tranquille, pour l’instant du moins.

Quelques-unes des chambres devenues vacantes avaient été occupées aussitôt par des personnages dont il était facile de deviner qu’ils n’étaient pas des artistes. Ils affectaient avec un grand sérieux de ne pas connaître l’inspecteur principal Neyrac. On voyait aussi passer dans la rue Clauzel des gens qui n’étaient pas du quartier. Et Tonio souriait en les croisant.

Il y en avait notamment un qui portait une trousse de plombier et qu’on rencontrait dans tous les petits bars des alentours.

— J’ai un robinet qui fuit, lui dit une fois Tonio. Vous ne pourriez pas venir voir cela ?

— Pas le temps, fit l’homme en vidant précipitamment son verre de vin blanc.