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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

sorte d’abnégation interdisant à l’un de se mettre en valeur au détriment de l’autre. Ce n’est souvent qu’après bien des tâtonnements, des essais, des séparations qu’arrive à se constituer ce duo de l’actualité, sans qu’aient à intervenir les considérations de talent ou de métier. Tel fera très bien avec l’un qui n’obtiendra rien de bon avec l’autre. C’est d’ailleurs pourquoi il ne doit y avoir rien de trouble dans leurs relations et pourquoi, quand l’un des partenaires est une femme, l’amour doit être absolument banni de leur couple.

Jean Masson avait pour Marion Hérelle non seulement la plus fraternelle amitié, mais aussi l’estime la plus confiante. Il savait que derrière son beau front se cachait la pensée la plus froide, la plus lucide qu’on puisse imaginer et que sa perpétuelle gaieté n’était que l’expression du jeu très libre de son intelligence.

C’était toujours elle qui prenait les décisions et, depuis qu’ils travaillaient ensemble, le photographe avait appris que les aventures les plus audacieuses n’étaient pas pour l’effrayer. Lui non plus n’était pas poltron. Quand il ne comprenait pas tout de suite les raisons d’une détermination de Marion, il avait pris son parti de ne rien demander.

Il rejoignit donc en hâte l’inspecteur qui l’attendait près de la porte.

Demeurée seule, Marion commanda un second verre de fine qu’elle prit le temps de savourer à