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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Certes non. Ah ! si vous saviez, mon cher, combien plus agréable est l’amitié qui lie dans le travail le reporter et son photographe ! Tenez, Jean et moi, nous faisons le meilleur ménage du monde ; et je sais très bien que Jean est amoureux, mais d’une autre femme.

— Je t’en prie, Marion, fit Jean Masson.

— Pourquoi ne pas le dire ? Il n’y a pas de honte à cela. N’est-ce pas, Neyrac ?

— Certainement pas, chère amie. Mais vous-même ?

— Oh ! moi, si vous croyez que j’ai le temps de penser à l’amour avec tout le travail que j’ai.

— Vraiment. Tant de travail ?

— Un peu de votre faute.

— Comment de ma faute ?

— Eh ! oui. On vous donne un beau crime, une affaire splendide, l’assassinat d’une des May Sisters. Et hop, en un coup de cuiller à pot, vous l’escamotez. Le jour même, vous arrêtez le coupable.

— Et alors ? Cela ne vous donne-t-il pas un beau papier ?

— Trop court, mon cher, beaucoup trop court Il aurait fallu des péripéties, des fausses pistes, des imbroglios. À cause de vous, je suis obligée de broder, de tirer à la ligne. C’est la barbe.

Neyrac sourit.

— J’espère faire mieux la prochaine fois. Mais aussi quelle tarentule a piqué votre hebdomadaire