d’elle ? Dans la pièce voisine, rien ne venait rompre le silence.
Elle devança l’instant où il allait s’approcher de son lit. Elle appela :
— Antoine !
Une curieuse sensation de peur l’étreignit qui cessa quand il fut devant elle, embarrassé, inhabituel, un peu lointain.
Elle s’étonna :
— Qu’y a-t-il ?
— Rien !
Puis il eut honte de son insincérité et, tout de suite ajouta :
— Ou plutôt, une petite chose qui m’inquiète stupidement. Regarde !
Il releva sa manche et elle vit, sur l’avant-bras, une sorte de tache un peu granuleuse d’un violet sombre, aux contours écarlates. Elle pensa malgré elle à certaines fleurs monstrueuses de la forêt vierge.
— C’est ravissant ! se moqua-t-elle.
Puis d’un ton qui grondait :
— Chaleur, foie, mauvaise digestion ! Il y a mille raisons je pense d’avoir ces sortes de boutons. Celui-ci partira comme il est venu.
Il parut soulagé comme un enfant s’apaise lorsque la voix de sa mère fait cesser les cauchemars nés de l’obscurité.
Brigitte avait certainement raison ! Elle devait savoir. Elle savait toujours tout. Il appréciait cette infaillibilité qui ne la trouvait jamais en défaut.
Alors seulement il lui donna le baiser matinal et enchaîna :
— Tu sais, ce nouveau moteur dont je t’ai parlé, je vais le voir tout à l’heure !
Ses yeux brillaient.
— Sauve-toi alors, tu es déjà en retard.
— À bientôt !