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L’HÔTE QUE L’ON N’ATTENDAIT PLUS

Son bonheur lui semblait une chose si vivante qu’elle referma ses bras sur sa poitrine comme pour mieux l’enserrer, le sceller en elle.

La vie lui avait donné tout ce qu’elle en avait exigé.

Sans hésitation, sans tâtonnement, avec une sûreté dont elle ne songeait même pas à s’étonner, elle avait reconnu l’homme qui lui était destiné quand elle s’était trouvée en face de lui.

Le mépris des promiscuités, le recul qu’il avait instinctivement devant les choses laides l’avaient protégée, tout comme sa pureté de jeune fille l’avait gardée, elle.

Enfant, elle n’avait joué qu’avec une poupée, incapable d’éparpiller sa tendresse. Femme, elle était faite pour un seul homme. Mais encore fallait-il ne pas se tromper ! Ce miracle s’était accompli.

Il y avait quatre ans de cela ! Et pourtant comme au premier matin, elle retrouvait, en ouvrant les yeux, sa joie intacte et vivace.

La place vide à côté d’elle était encore tiède. Elle se glissa dans le creux formé par le corps de son mari, avec un sentiment de tendre confort.

Dans la salle de bains, elle l’entendait qui chantait faux parce qu’il chantait par plaisir, tout en s’ébrouant sous la douche. Il était de ces êtres pour qui le fait de se laver entraîne automatiquement aux lèvres un refrain sentimental.

Elle suivait tous ses gestes qu’elle connaissait par cœur et qui formaient le fond de leur intimité. Main-