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LA LOI DU SUD

des arbustes, déchargea son fusil au moment où la chèche d’Allouane apparaissait.

Aucune riposte à cette témérité ! Était-ce une feinte ? Le fugitif était-il blessé ? Un frémissement de victoire attisa les délires des combattants. Un silence insupportable régnait, trop lourd, trop pesant ; le sable était frais comme un corps de femme sous les soldats étendus.

— En avant ! décida Séguin donnant lui-même l’exemple en s’élançant.

Enhardis par le calme qui accueillait leur assaut, les spahis se précipitèrent. Allouane était étendu dans le creux qu’il s’était ménagé. Les balles avaient traversé le cou, détachant presque la tête du tronc. Il n’y eut pas beaucoup à faire pour l’en séparer tout à fait. Le corps d’Allouane fut enterré là, à l’endroit même où il était mort.

Un des spahis prit la tête décapitée, qui avait roulé à quelques pas, pendant qu’on achevait de creuser la fosse. Il fallait la ramener au chef de poste pour lui prouver que l’homme avait été abattu. Il s’empara également du fusil ; six cartouches restaient, une cinquantaine avaient été tirées sans atteindre personne. Allouane avait voulu éloigner ses poursuivants et non les tuer.

Après une heure de repos, le détachement repartit ; le guide, qui avait récupéré son chameau, reprit sa place en éclaireur. Au crépuscule, la patrouille, harassée, atteignit Bir Bour Djema où les hommes organisèrent leur campement.

Le lendemain, vers onze heures, ils parvinrent sur la grand’place de Touggourt où la nouvelle de la capture d’Allouane les avait précédés, attirant une foule énorme qui stationnait en les attendant. Au-delà, la ville étendait le labyrinthe de ses murs dominés par la Mosquée.