libérer le mot qui s’échappa distinctement des lèvres blêmes :
— Allouane ben Rahmadi !
— Allouane ben Rahmadi ? répéta, après elle, l’enquêteur, pour plus de certitude.
Elle tenta d’abaisser ses paupières pour confirmer, mais à mi-chemin, elles s’immobilisèrent, et la physionomie prit une expression lointaine, apaisée, délivrée.
D’un signe, l’officier appela le mari de la morte. Celui-ci s’approcha.
— Qui est Allouane ben Rahmadi ? Ton père ? Ton oncle ?
— Mon frère ! Il nous a quittés depuis quelques jours.
— Ta femme l’a accusé…
— Lui ? Non ! Elle a peut-être prononcé son nom. Elle l’aimait beaucoup… Un message, un adieu qu’elle voulait lui faire transmettre…
— Espères-tu me persuader si aisément ?
L’homme se décida brusquement. Sans qu’un muscle de son visage bougeât, il affirma :
— J’aime mieux tout vous avouer : c’est moi le coupable.
— Je ne te crois pas.
— Des témoins appuieront mes dires.
L’officier le scruta longuement, sans qu’il manifestât le moindre sentiment sur sa physionomie impassible.
— Parfait, reprit l’officier. Donne-moi l’arme dont tu t’es servie.
Kouider disparut sous sa tente. Il en revint avec un fusil.
— Tu sais bien que ce n’est pas celui-là, dit le capitaine Lepage après l’avoir examiné.
Sans plus s’expliquer, il abandonna Kouider pour revenir vers le major qui, sa tâche terminée, retournait vers l’auto.
— Nous pouvons partir, maintenant.