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LA LOI DU SUD

— Tu l’auras voulu, ne t’en prends qu’à toi-même.

D’un geste, il désigna une pièce voisine qu’aucune draperie ne séparait de celle où il se trouvait :

— Je n’ai pas de lit à t’offrir, mais je pense que tu sauras t’accommoder de ma vie simple…

« Il est temps de dormir, maintenant. Va ! »

Elle obéit.

Étendue sur une natte dure, elle resta immobile et silencieuse, percevant, comme le tic tac d’une pendule, les battements sourds de son cœur, qui, seuls, meublaient l’incroyable silence.

Toute la nuit, elle retint ses sanglots. Toute cette longue et terrible nuit où elle attendit vainement celui qu’elle avait choisi comme compagnon des jours bons ou mauvais.

En Nefis est irréel, et Monique s’y sentait merveilleusement dépaysée.

Elle imaginait la munificence de cette rencontre avec le grand désert si elle avait senti près d’elle l’homme aimé. Mais il était si lointain, si différent, si méconnaissable, qu’elle menait à ses côtés une vie lamentable.

— Je voudrais mes bagages, avait-elle demandé à cet ex-mari devenu étranger, d’autant plus étranger qu’il avait été plus proche d’elle aux beaux jours de leur amour triomphant.

— Par Dieu, ma chère, qui veux-tu séduire ici ? Il n’y a que moi. Laisse donc tes bagages où ils sont !

Elle n’osa protester.

Entre ces deux êtres qui avaient été les plus unis commença une vie absurde, désolante, presque incroyable. Jacques vivait comme si Monique n’existait pas, la regardant à peine, lui adressant rarement la parole.

Les premiers jours, elle le suivit à son travail, marchant du même pas rapide, malgré l’accablante chaleur. Ses