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LA LOI DU SUD

moi, cela est raisonnable et, demain, fraîche et reposée, vous rejoindrez votre mari.

Elle hocha lentement la tête, et il sentit que rien ne pourrait la faire revenir sur sa décision.

— Inch’Allah ! dit-il simplement.

Dans la salle à manger décorée à la mode africaine, le repas parut agréable aux autres convives. Ils n’étaient pas, eux, au terme de leur voyage. Le lendemain, pour rejoindre le Niger, ils entreprendraient la traversée du Tanezrouft, l’effroyable terre morte, et l’aventure les faisait parler plus haut. Mais, perdue dans de tristes pensées, Monique était incapable de s’intéresser à quoi que ce fût.

Une heure plus tard, Delange vint la chercher.

— Venez, je vous emmène.

Le voyage fut silencieux. Soit par indifférence, soit par ce tact et cette compréhension profonde des êtres habitués à vivre seul, Delange respectait le laconisme de sa compagne.

La voiture stoppa.

— Attendez-moi une minute, dit-il.

Elle resta sur son siège. Quelques instants plus tard, la porte par laquelle son compagnon était entré s’ouvrit à nouveau. Une silhouette se glissa au dehors. C’était une femme, une Arabe, alourdie par ses voiles qui la masquaient. Monique ne vit d’elle, grâce à la clarté inouïe de cette nuit lunaire, qu’un regard sombre qui la fixait avec une telle haine qu’elle se sentit soudain sans force.

Était-ce là l’ennemie contre laquelle il lui faudrait lutter !

Elle descendit d’un pas ferme et entra à son tour.

La pièce, toute nue, était mal éclairée par une lampe à acétylène.

Un homme se dressa devant elle, qu’elle ne reconnut pas tout d’abord. Cependant ce devait être lui, ce ne pouvait être que lui, cet être aux yeux creux luisants de