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LA LOI DU SUD

La jeune femme obtint ce qu’elle voulait.

Ils étaient maintenant à Gardhaïa. Côte à côte, ils suivaient le chemin montant qui mène à la mosquée, lui la dominant de sa haute silhouette, elle vive, menue, bondissante.

Gérald expliquait :

— Ce labyrinthe a été construit tout exprès pour égarer les étrangers… Les Mozabites sont jaloux de ce qui leur appartient…

Pas un instant il n’avait pensé à sa folie, à son amour d’un jour…

Ils atteignirent la mosquée très difficilement. Maintenant, ils redescendaient joyeusement.

Gérald s’arrêta soudain.

— Oh ! dit-il, c’est ici que…

Son doigt montrait un mur, une porte cachée.

Et l’image enfouie dans son cœur se remit à vivre. Derrière ces pierres grises, une princesse au visage frais comme l’eau d’un puits vivait dans son palais ajouré.

— C’est ici que ?… questionna Fanette, car il s’était interrompu brusquement.

Il ne répondit pas.

Il ne devait jamais répondre.

La foule l’avait bousculé, happé. Un long poignard avait brillé dans le soleil.

Gérald gisait. Le sol doré se teintait de rouge.

Il était mort pour un rêve.