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LA LOI DU SUD

ombrageant le visage lisse d’une blancheur éblouissante…

Ce rêve ne le quitta plus. Il le tint éveillé. Pourtant il savait qu’il était irréalisable. Jamais il ne pourrait approcher l’inconnue. Elle était gardée non seulement par les murs qui entouraient le jardin féerique, mais surtout par sa race. Elle ne saurait donc jamais qu’elle avait allumé en lui une flamme brûlante qui le dévorait.

Elle ne saurait pas ! Oh ! le lui dire seulement ! Et puis repartir, emporter son sourire un peu effrayé… La tentation était si forte qu’il résolut de tenter sa chance.

Vers dix heures, il reprit le chemin qu’il avait descendu la veille.

Il arriva enfin devant la petite porte discrète. Il attendit. Deux heures passèrent qu’il ne trouva pas longues. Enfin, la porte s’entr’ouvrit. La vieille en sortit.

Quand elle eut disparu, Gérald se précipita vers le vantail qu’elle n’avait fait que tirer. D’une main qui tremblait, il ouvrit la porte.

Le jardin lui parut encore plus beau. La jeune femme était debout, immobile, sur la terrasse fleurie de jasmin. Un vol d’oiseaux passait au-dessus de sa tête.

L’ingénieur fit un pas.

À ce moment il se sentit saisi, jeté à terre. Deux Arabes lui faisaient face. Gérald se releva et riposta.

Il frappait durement, en sportif. La lutte fut silencieuse et brutale. Il réussit à se dégager juste au moment où l’un de ses adversaires sortait un long poignard de sa ceinture.

Il descendit en courant comme un fou, sans se retourner.

Le soir même, il quittait le M’zab.

C’est en revenant un an plus tard à Gardhaïa que