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LA LOI DU SUD

Allons au bal. L’épouse gardera le foyer.

Lia a l’air d’une vraie femme. Plus que jamais elle ressemble à l’autre.

Parée, décolletée, coquette, elle danse et vire aux bras des cavaliers qui s’empressent autour d’elle.

Ah ! qu’il fait bon vivre et être jeune !

Un tango entraîne les couples sur la piste.

L’homme ronge son dépit.

Comme si c’était l’autre qui le trahissait une seconde fois.

Mais ce qu’il a supporté jadis lui semble insupportable maintenant.

Son cœur bat trop vite. La colère l’envahit. Se venger… il ne pense plus qu’à cela. Se venger de toutes les femmes qui se moquent des hommes et les torturent en riant.

— Partons, fait-il, d’une voix brève.

Lia obéit sans questionner.

Ils rentrent silencieusement. Elle le sent las, triste.

Elle s’arrête.

Mais avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche, il questionne :

— Dis, est-ce moi que tu aimes ?

— Oh ! oui… Je me sens si bien près de vous…

Jaillis de sa candeur, les mots tombent, en pluie brûlante, sur la passion de l’homme.

Il s’approche, visage ardent, yeux sombres.

Elle reconnaît en lui ce regard trouble des hommes de la taverne.

Ce qu’il veut, elle le sait.

Mais pourquoi cela ? Elle rêvait de donner plus… Elle ne sait quoi…

Maintenant, elle a peur.

Les bras robustes l’enserrent… Une bouche cherche la sienne.

Lia s’échappe et court droit devant elle, prise de panique… Elle arrive sur la grève…

Amour, c’est ça l’amour !… Il n’y a rien d’autre…