Page:Nicolaï - La loi du Sud, 1946.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LA LOI DU SUD

— Mais c’est la dune qui m’a retenue par un coin de mon burnous, répliquai-je.

— Elle avait quelque chose à vous dire, sans doute ?

— Exactement !

— Et que vous a-t-elle confié ?

— Des secrets qui ne sont pas les miens…

Tout à coup, les mots s’arrêtèrent dans ma gorge. Dans la glace, en face de moi, je voyais le jeune officier spahi qui me regardait ardemment.

Il était très pâle.

Il m’avait reconnue, à mes paroles, peut-être, ou bien à un secret avertissement.

Je me retournai.

Quelqu’un nous présenta.

Il s’inclina sur mes doigts.

Et j’acceptai sa main qui, par deux fois, avait pressé une détente, jadis, en d’autres lieux, si loin, si loin…

Je lui souris.

— Je suis très contente de faire votre connaissance.

Et parce que, le même jour, deux femmes — car j’étais malgré tout deux êtres différents pour lui — deux femmes lui avaient pardonné, je lus dans son regard un tendre apaisement.