Page:Nicolaï - La loi du Sud, 1946.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LA LOI DU SUD

Mathis s’était mis à boire. La fièvre l’avait achevé. Bragance l’avait revu à l’hôpital, agonisant. Il avait juré de le venger, de retrouver la femme — certainement d’accord avec son séducteur — et de la châtier. D’elle, il ne possédait qu’une photo. Après d’épuisantes recherches, il avait retrouvé Valderez.

Et voilà qu’à présent, elle voulait le sauver.

Au matin, Ricardo Dominguez vint l’éveiller. Bragance s’étirait, quand il aperçut un mouchoir de femme à ses pieds. Son hôte le vit en même temps que lui et le ramassa.

— Allons ! dit-il simplement.

Bragance le suivit. Soudain, il tressaillit. Il reconnaissait l’endroit où il se trouvait maintenant : c’était l’Étang Noir.

— Regardez, lui dit Ricardo en lui montrant un point sur l’eau.

Bragance se baissa.

Dominguez le poussa rudement. Instinctivement il se retint à une branche. À ce moment, il vit Valderez accourir, sauter sur Ricardo et le faire basculer dans l’étang.

Un cri de terreur retentit.

Bragance vit alors qu’un cadavre flottait dans l’eau noire. Surpris, il regarda la jeune femme. Elle n’avait cependant pas tué Dominguez dont il reconnaissait la silhouette trapue.

Celle-ci, devinant sa question, cueillit une branche et l’enfonça dans l’étang… Quelque chose remua… Quelque chose de long, de sombre, qui semblait une branche de caoutchouc… Quelque chose qui avait des petits yeux noirs froids et brillants.

Bragance comprit comment son cheval avait trouvé la mort en buvant !

La bête était un tremblador, une anguille électrique, qui porte sur sa tête une batterie capable de tuer plusieurs hommes à la fois.