Page:Nicolaï - La loi du Sud, 1946.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LA LOI DU SUD

Le voyageur but à longs traits… Quand il eut terminé, il lança seulement :

— Merci, camarade, et adieu !

— Êtes-vous si pressé ? Les visites ici sont rares… Comment vont les choses aux États ? Il y a longtemps que j’en suis parti. À propos, mon nom est Ricardo Dominguez, mon vrai nom… Et vous, comment vous appelez-vous ?

— Bragance ! Et c’est mon véritable nom… Comme ça se trouve ! Quant aux États je les ai quittés depuis des siècles…

— Voulez-vous du travail ?

— J’ai d’abord une visite à rendre.

— Dans nos pays, la curiosité coûte chère. Je ne vous demanderai pas où vous allez… En tout cas, pour que vous puissiez vous repérer, je peux vous dire que vous vous trouvez ici au Rancho de l’Étang Noir.

Bragance dut faire un effort pour cacher sa joie. Il était arrivé à l’endroit qu’il cherchait et où il savait depuis peu retrouver Valderez.

— Dans le fond, reprit-il, je ne suis pas pressé… Et il faut que je mange. Quel genre de travail m’offrez-vous ?

— Je creuse un puits et je n’en viens pas à bout… Oui ou non voulez-vous m’aider ?

— J’ai faim !

— C’est une réponse. Suivez-moi !

Pendant un quart d’heure, les deux hommes avancèrent dans un sentier étroit. Enfin, une lourde maison apparut.

Bragance ne vit qu’une chose : une silhouette de femme qui passait devant une fenêtre ouverte. Il reconnut Valderez à ses cheveux épais et brillants.

Dominguez ouvrit une porte sombre. Son compagnon lança un coup d’œil dans la pièce avant d’y pénétrer.

Son hôte le servit.

Le bruissement d’une robe longue le fit tressaillir.