— Eh bien, me dit-il, si tu veux que je respire, va lui peindre l’état où me plonge la seule pensée d’avoir mérité sa colère ; dis-lui que Lydie parte, mais qu’elle me laisse la pleurer près d’elle. Je veux, je sens que je puis lui obéir ; mais qu’elle me pardonne, ou je meurs.
Je m’acquittai de cette commission avec tout le zèle d’un ami, et j’eus le bonheur d’en rapporter la plus douce réponse, le pardon d’une mère.
IX
Le bruit d’une voiture qui sortait des cours du château nous avertit bientôt du départ de madame de Civray. Je redoutais ce moment pour Gustave ; mais son cœur y était préparé, et le noble désir de paraître au-dessus de sa situation par son courage l’empêcha de se livrer à aucune démonstration. Je profitai de son accablement pour lui proposer de prendre quelque repos, et de se prêter enfin aux moyens de rétablir sa santé, qui causait de si vives inquiétudes à sa mère. À ce nom, il promit de faire tout ce qu’on exigerait de lui ; et, voulant donner une preuve de sa résignation, il consentit à se mettre au lit, et même à recevoir le docteur Marcel, si la fièvre continuait. Mais quelques heures de sommeil en triomphèrent bientôt ; et, lorsque la cloche du dîner se fit entendre, Gustave se trouva en état de se rendre dans le salon comme à l’ordinaire. Il y trouva la marquise entourée de plusieurs personnes du voisinage, parmi lesquelles il fut bien surpris de reconnaître Alméric.
— Remerciez votre ami, dit madame de Révanne à son fils, d’avoir consenti à passer la journée avec nous : à peine a-t-il su que vous étiez malade, qu’il s’est empressé de venir s’informer de vos nouvelles. Je savais trop le plaisir que vous causerait sa présence, pour ne pas chercher à le retenir, et je dois convenir qu’il s’est rendu de la meilleure grâce à mes instances.
Gustave fut très-sensible à cette attention de la marquise ; il la regarda comme une réparation faite au caractère de son