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Pendant que Gustave lit ce billet le magistrat commence son discours nuptial. Sans doute il dit des choses admirables, mais qui ne captivent guère l’attention des époux. À quoi leur servirait d’écouter ce beau sermon sur la constance ? ne savent-ils pas qu’on peut s’aimer longtemps ? Enfin le moment de signer l’acte est arrivé, et le premier témoin qui s’approche est M. de Saumery. Il embrasse Gustave, et dit, en montrant sa chère Lydie :

— Ne l’avais-je pas prédit qu’avant deux mois elle serait mariée ?

Cette cérémonie terminée, Gustave s’empare de la main de Lydie, et passe d’un air fier au milieu de tous les assistants. Je l’attendais blotti contre la porte.

— Monsieur, lui dis-je tout bas, faut-il faire atteler ?

— Traître, tu savais tout.

— Vous voyez bien que non, répondis-je en lui montrant mes yeux tout humides ; car, dans ma surprise et ma joie, je pleurais et riais en même temps.

Alors, conduits par M. de Léonville, les nouveaux époux arrivèrent dans un salon fraîchement décoré, et où toutes les plantes, les fleurs des plus belles serres sont éclairées par des lustres brillants. C’est là que M. de Léonville explique à son ami comment le bonheur qui lui semble un rêve est l’ouvrage de madame de Révanne ; et comment, ayant appris par le capitaine Saint-Firmin l’intrigue de madame de Verseuil avec Alméric, elle s’était servie de ce dernier pour faire renoncer Athénaïs à Gustave.

— Ajoutez, dit celui-ci, qu’elle était secondée dans tout cela par le meilleur des amis.

— Non ; il fallait le génie d’une mère pour triompher de tant d’obstacles.

— En vérité, rien n’était si facile, dit madame de Révanne en les interrompant, Lydie n’aimait que lui ; madame de Verseuil que sa fortune ; je les ai contentées toutes deux.

Ce mot fait assez deviner l’emploi qu’elle avait fait de la somme destinée au petit Alfred. Si maintenant l’on désire savoir ce que devinrent les personnes citées dans ces mémoires, le voici :