vient de se déclarer, et j’ai peur que cette crise ne détermine une maladie : elle souffre depuis si longtemps !…
— Et puis qu’arrivera-t-il s’il faut lui annoncer !… ajouta-t-il en montrant Gustave.
Nous levâmes les yeux au ciel, et chacun de nous alla prendre silencieusement sa place dans cette chambre où nous allions passer la nuit : le chirurgien couché sur un canapé ; M. de Léonville, au coin de la cheminée, méditant sur la manière la plus efficace de secourir ou de consoler ses amis ; moi près de la porte, pour être plus tôt à même de lui servir au premier signe ; et le jeune capitaine au chevet du lit de Gustave, les yeux fixés sur son visage décoloré, et l’oreille attentive à ses moindres soupirs.
LXV
Heureusement pour madame de Révanne, elle ne retrouva la raison qu’au moment où son fils était hors de danger. Le premier soin de M. de Léonville, en recevant de la bouche du chirurgien cette bonne nouvelle, fut de la porter à la mère de Gustave. Elle crut d’abord que la pitié de son ami cherchait à la tromper ; mais se livrant bientôt à la confiance que méritait un homme si vrai, elle reprit courage, et conjura son médecin d’employer toutes les ressources de son art pour diminuer la fièvre qui la dévorait encore, et pour lui rendre à tout prix la force de se traîner jusqu’au lit de son fils. Mais cette fièvre se déclara maligne, et dans le danger qui menaçait madame de Révanne, nous retrouvâmes toutes nos inquiétudes pour Gustave.
Cependant il avait passé le terme fatal ; sa respiration était moins oppressée, un doux assoupissement l’empêchait de sentir les douleurs de sa blessure, et tout annonçait son prochain retour à la vie. M. de Léonville et le capitaine Saint-Firmin, rassurés sur l’état de Gustave, avaient consenti à retourner chez eux pour y prendre quelque repos, et je devais veiller, pendant cette seconde nuit, seul auprès de mon maître.
La faible lueur d’une lampe éclairait la chambre ; il y ré-