— Je pense aussi qu’il y avait de la magie, répondit-il, car j’en suis tout à fait désenchanté.
— Si c’est ainsi, pourquoi lui rendre des soins si empressés ?
— Pour suivre les avis de ma mère, qui me répète souvent qu’on ne réussit auprès des femmes qu’en s’en occupant beaucoup.
— Sans doute, mais non pas en s’en moquant, dit la marquise ; à parler vrai, je ne saurais, ajouta-t-elle, approuver le petit jeu d’hier, et encore moins deviner le profit que vous en vouliez tirer, Gustave ; car je ne vois pas ce qu’il y a de si glorieux à troubler le repos d’une jeune fille qui n’a peut-être pas d’autre bonheur à prétendre. Puisque vous marquez tant de déférence pour mes conseils, vous devez vous souvenir qu’en vous parlant du droit qu’ont les hommes d’adresser leurs hommages partout où ils espèrent les voir bien accueillir, je vous ai parlé aussi des succès qu’un homme d’honneur doit s’interdire, et ceux qu’on obtient auprès d’une jeune personne sans expérience sont de ce nombre. J’y pourrais joindre aussi le tort d’entraîner une femme intéressante dans des démarches qui peuvent la perdre. Mais ce serait une morale trop austère pour le monde, où l’on est convenu d’avoir autant d’indulgence envers celui qui attaque que de sévérité pour celle qui succombe.
— Vous conviendrez que cela est bien injuste, dit Gustave avec dépit.
— Je l’ai quelquefois pensé, reprit en souriant madame de Révanne ; mais la loi proclamée ne se discute plus, et le mieux est de s’y soumettre.
Pendant ce discours, Lydie était tombée dans une profonde rêverie. M. de Saumery, auquel il suffisait d’en deviner la cause pour s’y intéresser, interrompit la conversation en priant madame de Civray de lui prêter une brochure nouvelle qu’elle avait rapportée de Paris. Elle saisit avec empressement cette occasion de monter chez elle. M. de Saumery l’accompagna. Gustave, qui redoutait une explication avec sa mère, sortit au même instant, et vint me raconter cette petite scène dont son amour s’alarmait avec assez de raison. Une simple ré-